lundi 12 mars 2018

Le Souffle des Ténèbres / Frédéric Livyns



Tour et détours par le pays de Bretagne...

S'il y a bien quelque chose que j'aime autant que de me renseigner sur un auteur après avoir lu un roman, c'est me renseigner sur le sujet du roman lorsque cela est possible; que ce soit le thème principal ou un petit détail qui m'a sauté aux yeux et hop, je fais des recherches pour augmenter ma culture générale mais aussi pour satisfaire mon insatiable curiosité des choses, de toutes choses...

S'il existe une myriade de légendes de par le monde, la Bretagne peut se vanter d'en avoir déjà beaucoup pour elle seule et cela m'a surpris car j'en connaissais mais j'étais loin de me douter qu'elle en recelait une telle profusion, des mythes aussi féeriques qu'ils peuvent être terrifiants...
Les Celtes d’Armorique avaient une peuplade mythologique étendue et étroitement liée au culte de la Nature. L'arrivée des Romains et dès lors la Christianisation des peuples breton n'a pas totalement éteint ces croyances puisqu'on peut encore les retrouver de nos jours dans les mythes et contes.
La légende bretonne la plus connue est sans doute celle du Roi Arthur et de ses Chevaliers de la Table Ronde mais...

     L'Ankou...

Dans le roman que je vous présente, et ceci sans vous spoiler le moindre contenu de ce dernier, l'auteur nous met face à l'Ankou, personnage majeur des croyances bretonnes qui apparaît dans les gloses en latin du 9ème S. (selon les travaux de Léon Fleurio, linguiste et historien français - 1923-1987); selon le celtologue belge Claude Sterckx, l'Ankou peut être rattaché à la mythologie celtique car, dans les descriptions qui le mentionnent, son arme d'origine était la masse et non la faux, arme avec laquelle le dieu celte Sucellos (mythologie gauloise) ou le dieu Dagda (mythologie irlandaise) étaient représentés.
Il existe beaucoup de représentations de l'Ankou en Basse Bretagne (dont la plus célèbre se situe à Ploumilliau) : il est le plus souvent représenté comme un squelette (d'où son lien avec la mort, on se demande pourquoi!!!). 
Mais, bien qu'il personnifie la mort, il n'est que son bras armé.
Plus près de notre époque, au 19ème S., sa description change pour être plus humaine dans ses caractéristiques morphologiques : un grand personnage portant un large chapeau, de longs cheveux blancs, vêtu d'un manteau noir. De plus, selon la croyance populaire, le premier ou le dernier décédé dans une paroisse de l'année devient l'Ankou pour une année. Il se déplace toujours en charrette en bois tirée par trois chevaux et s'annone par des grincements sinistres.

     ... et Gilles de Rais...

L'Ankou étant déjà effrayant, j'ai poussé mes recherches sur Gilles de Rais, cité dans le roman (et toujours sans spoil).
De son vrai nom : Gilles de Montmorency-Laval, le Baron de Retz a vécu au 15ème S. et était aux côtés du roi Charles VII lors de la Guerre de Cent Ans; il a combattu avec Jeanne d'Arc également.
Après cette guerre, il apparaît comme quelqu'un d'instable, qui aime le faste et qui dilapide les richesses familiales, ce qui le conduira à une mise sous interdit par le roi Charles VII.
Il fut condamné par pendaison et au bûcher pour hérésie, sodomie et meurtres d'enfants (dont on ne connaît le nombre exact mais dont le chiffre tournerait autour de 150!).
Mais n'allons pas trop vite, revenons un peu en arrière : Gilles de Rais eut de nombreuses fiancées mais, jusqu'à Catherine de Thouars, sa cousine, aucun mariage ne furent autorisés pour des raisons diverses et variées; même ce dernier projet de mariage connaîtra de nombreux rebondissements jusqu'à sa finale autorisation.
Catherine lui donnera une seule héritière : Marie de Rais.
C'est en 1440 que le Baron de Rais est cité à comparaître afin de répondre de meurtres d'enfants, de sodomie, d'invocations de démons et d'hérésie.
Des serviteurs du Sire de Rais affirmèrent même que ce dernier s'adonnait à l'alchimie dans le but de créer la Pierre Philosophale.
Gilles de Rais fut condamné le 25 octobre 1440 et exécuté le lendemain.
En ce qui concerne son unique fille : Marie de Rais, elle est aussi appelée Marie de Retz, Marie de Laval ou de Montmorency-Laval et est née en 1429. Bien qu'elle fut mariée deux fois, je n'ai pas réellement trouvé de faits extraordinaires à son sujet (après une première lecture rapide des infos trouvées sur le net, je ne suis pas historienne et ce n'était pas le but ici, seulement un peu de documentation).

     Le Souffle des Ténèbres...

Après ces quelques recherches et bien qu'il y ait beaucoup de matières intéressantes à creuser, je me dois de stopper mes pérégrinations historiques pour ne pas trop en dévoiler sur le roman. La seule chose que je peux ajouter avant de vous donner mon avis, c'est que j'ai grandement envie d'aller visiter la Bretagne maintenant.
Mais venons-en au roman! Dès le prologue (il y a des livres ainsi!), j'ai su que j'aurais beaucoup de mal à lever le nez de cette histoire pour m'intéresser à autre chose (demandez un peu à mon mari!). L'auteur distille, c'est le mot le plus adéquat, l'information pour inviter le lecteur à descendre petit à petit dans la nuit. Les personnages se dévoilent point par point, avec une psychologie fine et développée sans être franchement formulée dans les descriptions.
Les descriptions donnent le ton, l'environnement est bien dessiné par les mots de l'auteur et on s'y croirait. Le suspense est là mais par touche, pas pour assommer le lecteur, juste assez pour le faire angoisser.
Les éléments du roman s'imbriquent lentement (mais pas trop) pour former un puzzle ... à deux faces, avec un final surprenant et réussi.
J'ai vécu ce livre et, comme chaque fois que cela m'arrive, j'ai été touchée par ses personnages, j'ai aussi eu beaucoup de mal à refermer le roman et laisser ses personnages retourner dans leur monde.

Je finirais par ceci : Merci Mr Livyns pour ce moment!

Sources pour les recherches:



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